lundi 29 août 2016

De la Parisienne au half ironman...

J'ai commencé le sport (la course à pied) il y a 10 ans exactement... au début juste pour me débarrasser de mon conséquent surpoids à l'époque... ceux qui m'ont pas connu avant ont du mal à y croire. Bon le surpoids a disparu et je suis devenue une vraie accro à la course à pied et aux compétitions. Et puis la progression étant lente et douloureuse en 2012 il m'est venu l'idée de me mettre d'abord à la natation et au triathlon depuis 2013... juste pour améliorer ma condition physique... La démarche n'était pas fausse puisque les RP en course à pied tombent en pluie les uns après les autres. Et je pense, mange et rêve triathlon maintenant. En ce qui concerne manger et rêver, comme l'appétit vient en mangeant je commence à rêver d'un half ironman. En triathlon je suis souvent classée dans les derniers (comme en CAP à mes débuts) mais je progresse ! C'est ça qui est bien : quand on part de nulle part, on ne peut que progresser.
Après avoir bouclé deux distances olympiques l'année dernière et deux cette année, je me sens fin prête !
Quoi que... à bien réfléchir... En fait, il faut pas réfléchir .
Certes, je sais aligner 2000 de natation en crawl sans m'arrêter et sans me noyer, je roule très très régulièrement depuis 2 ans (c'est mon activité préférée maintenant!) et je cours aussi... assez peu d'ailleurs...
Mais voilà ça donne quoi aligner tout ça à la suite, sans faire de pauses tous les 200 mètres comme à piscine, sans faire les pauses ravitos-glouglou-blabla etc. lors des sorties vélos avec les copains et enchaîner par un semi marathon ? En fait il faut être un peu fêlée et croire dur comme fer en ses capacités de Iron (ironie?) woman.

Pourquoi le choix du half de Chantilly ? Ça aurait pu être Vichy mais effrayé par les récits de mes copines triathlètes qui ont vécu la douloureuse expérience de se faire jetées par les arbitres pour la BH dépassée de quelques minutes (1' pour ma copine Lénaïc l'année dernière!) franchement j'aurais pas digéré. La préparation et le temps consacré ce n'est pas rien, même à notre niveau de tortues et triathlètes en herbe...
Le jour J est arrivé. La veille vérification de tout le matos (liste à rallonge!), très peu d'inquiétude (d'ailleurs je commence à me demander si je suis humaine, normalement toute personne normalement constituée stresse, non?)

J'envisage quelques scénarios catastrophe : me prendre les grosses baffes en natation, crever à vélo (là hélas, je signerais la fin de mon aventure, incapable de réparer au bord de la route).
Mais alors vous allez rire, il y a des choses qu'on peut pas imaginer !
C'est mon mari qui m'emmène à Chantilly. En démarrant il s'aperçoit qu'il lui reste peu d'essence.
C'est pas grave nous passons à côté d'un centre commercial. Le plein est fait, pas un chat aux alentours à 5h30 du matin. Et là il s'exclame : Merdeuuuu !
Mais il t'arrive quoi ?
Le tuyau de la pompe à essence est coincé dans le réservoir. Mon mari, un grand gaillard de 110 kg. tire comme un forcené dessus, rien à faire.
Au bout de quelques minutes il m'annonce : bon hein, pour ta course c'est mort !
Incrédule mais calme je dis : j'aurais tout imaginé mais pas ça...
Je m'attaque à mon tour à ce p°%µµµ* de tuyau en le triturant dans tous les sens. Et oh miracle, j'arrive à le sortir avec mes petits bras de triathlète ! En explosant bien évidemment le trou du réservoir mais c'est pas grave ! La voiture est libérée ! Pffff.... sans commentaires...

Arrivés à l'aube près du Château, le cadre est splendide...

Mon mari ne compte pas une seconde rester m'encourager, la seule chose que je lui ai demandé c'est de venir sur la ligne d'arrivée à 15h00. Dans ma petite tête j'ai fait des calculs savants et comme je suis optimiste je compte boucler ça en 7h00 dans le meilleur des cas. Si c'est plus, il patientera un peu et puis c'est tout !
Je prépare mes affaires dans le parc à vélo mais je me sens vraiment seule....
On descend vers le plan d'eau, briefing que je n'écoute pas. Il est l'heure de descendre dans l'eau... vaseuse et noire. De tous les côtés ça fuse : ah noooon, c'est dégeuuuuuu. Je ne bronche pas, les eaux troubles de Chantilly et d'Enghien je connais... Je me décale tout à droite et en arrière. Partez tous ! Absolument pas décidée de me battre pour gagner quoi ? 1 minute ?
Les premiers dizaines de mètres ça fait tout drôle de plonger la tête dans l'eau... noire... et puis on s'habitue... Je sais que je suis dans les derniers mais pas la dernière et beaucoup de personnes en vue. Je pense pas à grand chose, j'allonge et respire du côté droit tous les 4 mouvements, dès fois 6.
A un moment un mec qui a traversé devant moi pour aller tout à droite, j'ai même pensé qu'il voulait demander de l'aide au kayak sur le coté. Mais non il rectifie sa trajectoire et se colle à moi. Obligée d'accélérer pour le doubler et ne pas être gênée. Tout va bien.... 1,2,3,4.... 1,2,3,4.... 1,2,3,4,5,6...
Et voilà c'est fini sans aucun souci... en sortant de l'eau en 50' soit 2,3 km/h de moyenne. Belle progression en natation par rapport à l'année dernière.
A la sortie c'est ma copine Isabelle qui m'encourage et prend en photo. Elle attend son départ pour le M. Merci Isabelle !

Transition. Je suis méthodique et ne veux pas me presser inutilement. C'est pas quelques secondes de précipitation qui feront gagner quelque chose.
C'est parti ! Sur les 1ers 10-20 km. Je me fais doubler par ceux qui ont terminé la natation derrière moi. Il fait pas très chaud, il fait beaucoup moins chaud que toute cette semaine mais il y a beaucoup de vent... Surtout sur la 2ème moitié de la boucle. Là ça me rappelle le sketch de Pierre Palmade « Les choix ». 
Tu préfères quoi avoir une grippe à vie ou les 30 canards qui vous suivent partout ?
Quoi la tête de veau ? Ah ben trop tard, il fallait choisir avant !
En version vélo ça donne :
Tu préfères quoi : la pluie, la canicule sans vent ou le vent ? Difficile à choisir, j'avoue !
Première boucle de 46 km. terminée, je commence la 2ème... et là il y a des fusées du M qui commencent à me doubler sans arrêt. A tel point que je me demande dès fois si c'est une moto ou un vélo qui arrive derrière. Pour précision, la circulation sur ce triathlon n'est pas coupée.... Mais au moins je ne me sens pas seule. Beaucoup, beaucoup de gars en dépassant encouragent. C'est vraiment sympa ! Les bénévoles aussi. La vitesse moyenne est toujours de 24 km/h. J'aimerais bien de terminer au moins ainsi. Je bois régulièrement de mon camelbag, mange des barres d'amandes et barres de fruits peu sucrées. Sur les 15 derniers km. vraiment fatiguée, crispée, la vitesse baisse, j'oublie de manger, boire, ne veux pas lâcher mon guidon et manquer de lucidité... J'en ai raz le c.., le casque et bien plus ... J'arrive même à penser : pourquoi ce pu**** de tuyau n'est pas resté coincé dans le réservoir de la voiture ce matin !
Et tiens encore un du half qui me dépasse... je me demande combien de temps il a mis en natation pour me dépasser que maintenant...
Ouf c'est finiiiii ! Là normalement si je tombe pas dans les pommes, je devrais finir...
Sauf que si ça se passe de la même manière que l'année dernière sous 33° ça va pas être de la tarte. 1H18 pour 10 km en étant au bord d'un malaise.
Là ça va, il ne fait que 27° !
Je décide de ne pas marcher et adopter une allure lente et ne pas souffrir. Le chemin est encore long et le parcours ce n'est pas du bitume (herbe, cailloux, sable, pavés : what else?). Sur les 5 premiers km. Je suis à peine à 8 km/h. mais double de nombreuses personnes du M. Et puis peu à peu je commence à dérouler, un regain d'énergie et du 5ème au 15ème je cours bien. En m'arrêtant tout de même à chaque ravito pour me verser 2 verres d'eau sur la casquette, un peu de coca, bananes, pâtes de fruits). Mais un de ces vents le long de l'hippodrôme ! A un moment carrément une tempête de sable. Je double 5 personnes du half . Eux ils marchent, moi si lente que je suis, je ne marcherai pas ! Sur les derniers 5-6 km. de nouveau rien dans les pattes. Les spectateurs dans le parc assis dans l'herbe sont nombreux à encourager.
La ligne d'arrivée approche enfin... Je vois mon mari de loin et là je commence à craquer.... Juste la ligne franchie, je me jette dans ses bras et fonds en larmes. Je l'ai fait, p***, je l'ai fait ! Que c'est bon de pleurer dans les bras de son homme.
Il est aux petits soins : tu veux quoi ? Je ne veux pas de sucré, je veux une bière ! Il va me chercher une bière... je veux des frites ketchup-moutarde ! Et te voilà les frites... tu veux une autre bière ? Oui ! Alimentation-hydratation d'une sportive.
Chéri, j'ai vu une statue d'un cheval quelque part... tu peux me prendre en photo ?
Ah tiens, ici !
Chéri : je veux pas dire, mais ce sont des chiens....
- Oh bah peu importe !
Nous marchons au moins 500 m. Mon mari : mais il est où ton vélo ? Mais je l'ai oublié à l'endroit où on a fait la photo...
Et bien.... ironman un jour ? Avant je disais : jamais de la vie, maintenant je dis peut-être...

Ah oui : pour le résultat c'est 7h32 et pas 7h00. 


346/354
50/54 femmes. Nous sommes encore très peu nombreuses!

5 commentaires:

  1. Bravo Tatiana, tu es pleine d'énergie !

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  2. Encore bravo ma Tati !! 1ere tentative réussie :-) ça fait tellement de bien au moral !
    Tu m'as bien fait rire avec ton squetch de Palmade ...

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  3. J'ai adoré te lire. Peut être suis-je de ceux du M qui t'ont doublé et encouragé, en même temps y a pas de mérite c'est la moitié.
    Bravo

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  4. J'y pense, mais ça fait peur...Bravo de l'avoir fait ! et heureux de t'avoir lu. Yves

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  5. Merci beaucoup pour vos commentaires. Yves, lance toi et réfléchis pas trop ;) ça va le faire! avoir peur c'est normal, non? :)

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