Le marathon des Deux Rives au Canada
ça devait être mon 9ème. Je me réjouissais de le
faire, le voyage au Canada nous en rêvions depuis longtemps, nous
avons de la famille au Québec.
L’année dernière quand mon mari
a annoncé qu’il aimerait qu’on aille enfin au Canada, la
première phrase qui est sortie de ma bouche c’était : Le
Marathon des Deux Rives ! (et oui, je me suis renseignée déjà
avant au cas où si on irait un jour)
La prépa se passe bien malgré
quelques déconvenues (chaleur et quelques soucis de santé). Malgré
tout je mets les bouchées doubles (4 entrainements CAP par semaine
et au minimum 2 de natation) et je progresse.
Dire que je m’imaginais déjà à
l’arrivée. Après tout j’en ai couru déjà 8 marathons sans
aucune blessure, pourquoi ce serait autrement pour celui-ci ?
Les blessures comme les renonciations aux courses, je les compte sur
les doigts d’une main.
A un mois du marathon et à deux
semaines avant le départ, après une sortie longue une douleur au
genou droit (j’avais déjà un souci avec ce genou il y a trois
ans, mais réglé très rapidement). La douleur à froid (après être
assise longtemps et dans les descentes des escaliers) qui
disparaissait quand je courais. C’est le mois d’août trop tard
pour aller chez le médecin qui est en vacances et encore moins pour
chercher le kiné.
J’ai pu faire ma prépa jusqu’au
bout, jusqu’au départ. C’est une fois arrivée là bas que le
genou s’est manifesté véritablement. Je me mets au repos pendant
une semaine, après tout paraît-il qu’il faut faire du jus !
Et puis je suis en vacances et avec tout ce qu’on avait à visiter
(dont les chutes du Niagara !) je n'y pense pas trop.
Repos, voltaren, la douleur
disparaît. Un footing de 30’ 4 jours avant le départ et là c’est
vraiment la cata : je boîte, montées et descentes des
escaliers en crabe.
Je dois me rendre à l’évidence
que pour le marathon c’est mort mais il y a la possibilité de
changer le dossard pour 10 km. ou le semi moyennant les frais de 10
dollars dans la limite de places disponibles. Les trois courses (10
km., semi et marathon se courent le même jour et le départ est
donné à la même heure aux endroits différents du parcours. Temps
limite pour toutes les courses : 6h00 pour le marathon pour les
marcheurs et coureurs lents : 7h00 départ 1h00 avant.
Le vendredi 23 août nous allons à
Québec. La ville est magnifique et il fait très beau. Nous nous
rendons au Palais des Congrès, j’ai l’intention de changer mon
dossard pour 10 km. Il n’y pas plus de place pour le 10, tant pis
pour mon genou je ne peux pas renoncer complètement à cette grande
fête et change pour le semi. Mon mari un poil agacé me lance :
je trouve ça complètement débile mais tu fais comme tu veux après
tout ! Ouais,sur ce point on est bien d’accord, je sais que
c’est débile mais je le fais quand même…
Et samedi en me voyant descendre les
escaliers il dit : ah bah dis donc et ça, ça va courir un semi
marathon demain !
Le matin du départ mon mari
m’accompagne au point de transfert. Nous sommes transférés par
les schoolbus au départ à Lévis (sur l’autre rive).
Le temps est splendide et l’ambiance
est super aussi, dommage que je ne connaisse personne avec qui
papoter (ah oui c’est ça l’habitude des RDV CAF !). Les
meneurs d’allure ici on les appelle « les lapins de cadence »
pourquoi se prendre au sérieux ! je me place sagement derrière
« la lapine de cadence » de 2h30 mais là je crois bien
que c’est mort pour les 2h30 aussi (nan mais je rêve !)
Le 1er km. je le trottine
gaiment à 7,5 km/h mais si continue comme ça c’est tout bon !
Très vite mon genou me rappelle à l’ordre, il y a des montées et
des descentes, je suis obligée de marcher ou essayer de trottiner.
Magré ma « vitesse » je ne suis pas toute seule, il y a
des gens autour de moi, pas mal de spectateurs qui nous encouragent
de tout cœur. Vers le 8ème km. mon genou a enfin chauffé
et je peux courir tant bien que mal, mais de nouveau une descente de
2 km. du pont de Québec et je suis obligée de remarcher. Les
spectateurs, les cyclistes disent c’est super ce que vous faites,
le panneau : Run for your life me donne les larmes aux yeux.
A partir du 10ème km.
j’ai pu courir entre 7 et 8 km/h. Les 1ers marathoniens me doublent peu après.
Je commence à souffrir de la chaleur. Malgré tout je jette
régulièrement un coup d'oeil à mon chrono, on aurait tout vu !
vers le 20ème km. la
douleur devient plus forte je remarche un peu. Une dame me félicite,
dit que c’est génial ce que je fais, elle fait un peu de course à
pied et en me regardant ça lui donne envie d’en faire un l’an
prochain (mon dieu, pourtant là je n suis pas un très bon exemple).
Enfin l’arrivée, la foule est nombreuse le long des barrières,
les gens crient leurs encouragements et félicitations, tapent dans
la main. je franchis la ligne d’arrivée avec quelques semi
marathoniens et les marathoniens qui arrivent en 3h05 ! mais
avec autant de joie comme si je battais mon RP.

Ma famille est derrière les
barrières (je leur ai donné une fourchette très précise :
entre 3 et 4 heures, mdr), je marche quelques dizaines de mètres,
récupère ma médaille, le ravito et là c'est fini, je ne peux
plus poser mon pied par terre. Les secours me proposent le fauteuil
roulant et passage dans la tente médicale, je suis obligée
d’accepter. Mon mari me rejoint là bas. Il y a des gens qui sont
en état encore plus pitoyable que moi : grelottant sous la
couverture malgré la chaleur, sous perf, crampés.
La dame qui marchait à côté de
moi je ne sais pas comment mais elle m'a retrouvé pour me féliciter.
Après le glaçage et les
étirements, les secours ne peuvent plus grand-chose pour moi, le
kiné diagnostique le syndrome d’essuie-glace.
Le retour à l’hôtel fut un
enfer : 2 km. Dont 1 en montée raide en plus d’une heure avec
une escale bière tout de même, non mais !
Voilà le plus dur n’est pas
finalement de renoncer au marathon mais de ne pas savoir pour quand
la reprise et sûrement perdre un peu (beaucoup)d'acquis.
Aujourd'hui (10 jours après) je
marche normalement mais je ne peux pas encore aligner trois foulée,
la douleur revient. Donc direction médecin.
Mais le moral est bon, je songe même
m'inscrire au club du triathlon. Si je ne peux pas recourir de suite
au moins ça me permettra de m'améliorer en natation.
Autrement c'était un superbe séjour
avec visite de:
les Chutes du Niagara,
Upper
Canadian Village,
le village des hurons,
le Vieux Québec,
le Canyon
de Ste Anne et la tyrolienne
les baleines de l'estuaire de St
Laurent
et de très bons moments en famille.
Il n' y a pas que la
course à pied dans la vie. :) Reprise du boulot aujourd'hui... un peu
dur...